Réinterpréter la méthode poka-yoke dans le secteur de la production allégée

PokaFabrication Lean January 13, 2023

Nous proposons une nouvelle définition du poka-yoke, une méthode visant à améliorer le rendement global en mettant l’ensemble de l’effectif manufacturier à l’abri des erreurs plutôt qu’en corrigeant ces dernières à la pièce.

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Qu’est-ce qui se cache sous notre nom? Bien des choses, en fait!

Le terme poka-yoke (et non poké-yoké) est issu du japonais et signifie « éviter les erreurs ». Il s’agit évidemment d’un objectif que nous nous efforçons d’atteindre dans le secteur manufacturier, mais également dans la vie en général.

Le terme et ses principes de base vous sont peut-être déjà familiers. En effet, il existe de nombreuses façons ingénieuses d’avoir recours à des mécanismes ou à des programmes pour mettre en application des techniques poka-yoke qui auront un impact bien réel sur vos activités.

Si les principes du poka-yoke vous sont étrangers, les premiers ouvrages à ce sujet écrits par Shigeo Shingo, qui est considéré comme l’un des piliers du système de production de Toyota et de la philosophie allégée, pourraient vous intéresser. Si vous souhaitez en apprendre davantage, je vous recommande les publications suivantes :

Qu’est-ce que le poka-yoke?

Ce concept a pour but de mettre fin une fois pour toutes à une défectuosité ou à une manœuvre incorrecte au moment et à l’endroit où elle survient. Il est possible de trouver des centaines d’exemples de son application, que ce soit lorsque vous conduisez votre voiture, dans les méthodes utilisées en médecine ou dans les dispositifs utilisés dans le cadre d’opérations d’assemblage, pour ne nommer que ceux-là. Pour citer un exemple qui pourrait vous être familier, pensons aux multiples voitures qui sont munies d’un dispositif vous empêchant de démarrer le moteur si votre pied ne se trouve pas sur le frein. Ce mécanisme a été conçu pour éviter que vous ne démarriez la voiture et qu’elle se mette à rouler immédiatement, sans que vous soyez pleinement en contrôle.

Le poka-yoke au-delà des machines

Permettez-moi d’analyser le concept du poka-yoke sous un angle différent et de l’envisager comme une méthode servant à améliorer le rendement global plutôt qu’à corriger des problèmes spécifiques. Bref, considérons la forêt dans son ensemble plutôt que chaque arbre individuellement. Cette façon de voir les choses ne s’éloigne pas outre mesure de la définition japonaise du concept, mais elle me permet de l’envisager de manière plus proactive.

Le cadre conceptuel établi par Shingo cerne cinq éléments qui composent le processus de production : quoi, qui, comment, où, quand et pourquoi (QQCOQP). Les machines et les ouvriers font partie du « Qui ». À l’origine, le concept du poka-yoke s’articulait principalement autour des machines et était utilisé pour concevoir des mécanismes d’assemblage antierreur, des garde-fous et d’autres dispositifs semblables visant à corriger des problèmes spécifiques en lien avec les procédés ou les appareils.

Or, je préfère m’attarder aux travailleurs.

En considérant le poka-yoke comme une méthode permettant d’immuniser notre main-d’œuvre contre les erreurs, il serait certainement possible d’en accroître les bienfaits.

Un exemple de production poka-yoke

Un exemple pourrait certainement être utile. Il y a quelques années, je me trouvais dans une usine qui, à la fin d’un exercice financier, avait l’occasion de répondre à la demande de sa clientèle et d’atteindre des objectifs de production qui bonifieraient les primes accordées aux employés.

Pour y arriver, l’entreprise allait devoir augmenter la production pendant les quarts de nuit, durant lesquels un moins grand nombre d’employés sont au travail et qui, par conséquent, présentent une capacité de production moindre. Ainsi, pendant deux semaines, des opérateurs et des superviseurs expérimentés ont été affectés aux quarts de nuit. Au terme de l’exercice financier, l’entreprise a réussi à répondre à la demande de la clientèle et à accorder de meilleures primes à ses employés.

Ce qui m’a le plus intéressé, toutefois, a été de constater que l’ensemble des quarts de travail avaient établi des records de rendement au cours de cette période de deux semaines.

Lorsque j’ai demandé au directeur de la production la raison de cette importante amélioration, il m’a répondu qu’elle s’expliquait principalement par le fait que les activités étaient dirigées par des personnes expérimentées qui savaient comment identifier et résoudre les problématiques rapidement, et qui possédaient les compétences nécessaires pour anticiper les problèmes, leur permettant ainsi d’éviter les interruptions de travail.

Le savoir-faire comme dispositif antierreur

L’idéal serait évidemment d’appliquer cette méthode de manière pérenne, en veillant à ce que des travailleurs expérimentés soient présents lors de chaque quart. Or, cette façon de faire n’est pas toujours financièrement envisageable.

Alors, comment y arriver autrement? Selon l’approche poka-yoke traditionnelle, il faudrait d’abord cerner le problème, par exemple le temps d’arrêt dans un secteur particulier ou des enjeux de sécurité dans un autre, puis trouver une solution à ce problème précis, avant de passer au prochain.

Or, en adoptant une approche du poka-yoke qui soit davantage axée sur les personnes, il serait possible de cibler, au sein de l’entreprise, les travailleurs les mieux outillés pour traiter les différentes problématiques. Nous leur demanderions de nous décrire précisément leur travail et de nous indiquer comment ils arrivent à atteindre un tel niveau de rendement. Nous nous assurerions ensuite d’intégrer cette expertise détaillée aux instructions de travail de manière à ce que les travailleurs œuvrant dans les secteurs problématiques puissent s’y référer en tout temps. L’élément essentiel au succès d’un tel scénario est d’assurer le transfert des connaissances et d’arriver à mettre sur pied un mécanisme pour le favoriser, en utilisant, par exemple, la solution pour travailleur connecté de Poka, un outil qui permet d’équilibrer les forces des employés à l’échelle de l’entreprise et de rehausser le niveau de rendement global.

Qu’est-ce qui se cache sous notre nom?

La vision initiale de Poka inc. est toujours restée la même : améliorer le rendement des travailleurs de première ligne grâce au partage des connaissances et favoriser la disponibilité de ces dernières au moment et à l’endroit où elles sont requises.

Alex Leclerc, cofondateur et président-directeur général de Poka, mentionne qu’au sein de l’entreprise familiale, qui possède plusieurs usines, il avait remarqué que « le meilleur mécanicien de l’une des usines arrivait à résoudre les problématiques rapidement et évitait certaines difficultés que d’autres usines n’arrivaient pas à traiter. Le fait de travailler en silo plutôt qu’en réseau nuisait à leur efficacité. Une usine, c’est un peu comme une chaîne. Elle est aussi solide que son maillon le plus faible. »

Cette observation judicieuse a eu un impact considérable. « Dans le cadre des processus de production automatisés actuels, qui se caractérisent par leur volume élevé et leur rapidité, poursuit-il, une erreur mineure ou une courte interruption peut entraîner des conséquences importantes et des coûts élevés. »

Dans ce cas précis, les connaissances et la capacité d’offrir un rendement supérieur n’étaient détenues que par une seule personne. Le défi consistait donc à recréer, dans d’autres usines, ce même environnement propice à la résolution de problèmes et à la génération de données afin de leur permettre d’atteindre un niveau de rendement équivalent.

Dès les premiers balbutiements de Poka, notre vision d’entreprise était claire, mais il nous fallait lui trouver un nom. C’est Antoine Bisson, notre cofondateur, qui a su trouver celui qui nous allait comme un gant : Poka.

Il est court, direct et agréable à l’oreille, mais surtout, il exprime en un seul mot toute la raison d’être de notre application : Immuniser votre main-d’œuvre contre les erreurs (poka-yoke) par une acquisition proactive et un partage systématique des connaissances.

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